Comme historien, je mène des recherches approfondies sur des sujets qui me passionnent. Comme professeur d’université, je choisis des thématiques qui ont l’ambition de stimuler les étudiants. La réalité révèle toutefois que l’historien dans une salle de classe ne réussit pas toujours à garder l’équilibre entre les exigences de la formation générale et fondamentale de sa discipline, et celles qui jalonnent le parcours des étudiants inscrits dans les programmes de formation en éducation, intéressés davantage par la pédagogie et les moyens de réussir leur carrière dans les écoles secondaires que par la culture savante que l’historien croit parfois transmettre.
Je reprends le fil du blogue aujourd’hui après avoir terminé la lecture d’un texte important – mais combien ennuyant! – sur des changements proposés à des programmes de formation en enseignement. Ces lectures – trop nombreuses au goût de celui qui pensait être immunisé par ce mal nécessaire – me forcent depuis un an à revoir mes objectifs de formation dans les cours de premier cycle, plus particulièrement dans les cours d’introduction méthodologique ou liés à un espace-temps précis; et à me poser la question: que viennent chercher les étudiants dans mes cours ? Un ensemble de connaissances sur le passé états-unien, bien entendu; des compétences sur les moyens de le comprendre mieux, aussi. Mais comment intégrer les deux dans une formation dont les assises facilitent l’accumulation des résultats d’apprentissage ? Comment éviter la déconnexion totale après le cours ?
Je pense que la solution passe par la création d’un espace où l’étudiant peut lui-même faire le point sur les compétences développées et la congruence des apprentissages. Je sais que vous avez à l’instant pensé au blogue; mais il faut, il me semble, aller plus loin, notamment dans la direction de ceux et celles qui travaillent en milieu scolaire à l’élaboration de portfolios électroniques (e-folio, pour le reste du blogue).
Le e-folio est la clé, me disait il y a quelques mois mon guru d’antan (Yves Otis, de la SOFAD), de la révolution que les départements d’histoire pourraient réaliser s’ils se donnaient la peine d’y réfléchir. On est malheureusement encore très loin du but. Comme je ne suis pas contraint d’attendre tranquillement cette révolution, j’accepte de bousculer mes vieilles habitudes et de mettre au rancart celles qui servent mal mes intérêts professionnels et personnels pour l’histoire (des États-Unis) et l’enseignement.
Je vous promets que toute cette réflexion préliminaire tire à sa fin.