jeudi 22 novembre 2007

Quelle langue ?

Au Canada, un américaniste francophone doit publier dans quelle langue les résultats de ses recherches ? D'apparence banale, cette question est au cœur d'une controverse explosive que le milieu ignore ou banalise.

Faites l'inventaire des raisons de publier en français les résultats de vos recherches sur l'histoire des États-Unis.

Faites maintenant la même chose, mais pour la publication en langue anglaise.

Dans le premier cas, vous aurez sans doute indiquer qu'il importe de combler des vides de lecture pour les étudiants que l'on forme à l'université. Dans l'autre, vous réaliserez que les attentes et les objectifs de carrière (ou de promotion, pour être plus modeste) vous empêchent de travailler dans votre langue.

Si les paroles de David Byrne vous font du bien, dites alors bien fort : « Stop Making Sense ».

samedi 22 septembre 2007

Tirer avantage de l'occasion

Dans une communication prononcée à San Francisco devant les membres de l’Organization of American Historians au printemps 2005, je me questionnais sur la tendance à étudier le passé états-unien par rapport à celui de son pays ou de sa région. Répandue chez les américanistes étrangers, cette tendance prend chez nous la forme d’études sur l’émigration des Canadiens français. Je n’ai pas l’intention de faire la liste des sujets d’histoire que mes collègues italiens, français, polonais, chiliens, japonais ou autres ont choisis dans leurs travaux d’histoire sur les États-Unis. Mais pourquoi s'intéresse-t-on à l’histoire de l’Autre par la perspective (directe ou indirecte) qu’offre la sienne ? Que révèle cette tendance sur les chercheurs, vus comme individus ou une collectivité, et sur les défis objectifs de la recherche en histoire aux États-Unis – celle fondée sur les sources, évidemment ? J’ai trop de chats à fouetter présentement pour tenter de répondre à ces questions complexes. Je reviendrai sans doute sur le sujet un de ces jours.

Pour l’instant, je rappelle que mes intérêts de recherche ne rejoignent pas ceux de mes confrères qui donnent à leurs travaux une double identité nationale - sauf si vous réussissez à établir un lien entre ce que je fais en histoire des États-Unis et ce que Pierre Vallières écrivait sur les Nègres blancs d’Amérique. Comme l’émigration des Canadiens français que le clergé d’antan dénonçait (lorsqu’elle menaçait, de l’avis de ses porte-parole, la survie d’une foi et d’une langue) ou appuyait (lorsqu’elle contribuait à la diffusion d’une culture et de ses valeurs), l’orientation que j’ai donnée à l’histoire des États-Unis devrait-elle être dénoncée ou promue ? La question est très mal formulée, je l’avoue, puisque la dénonciation des problématiques de recherche n’est pas une activité populaire chez mes pairs. À l’inverse, comment devrait-on promouvoir une orientation de recherche qui exige énormément (en temps et en argent) de l’historien ? En cette fin de semaine qui a vu le dollar canadien atteindre la parité avec le dollar américain, je réalise qu’il y a de l’espoir et qu’il nous faut profiter de cette conjoncture pour mousser davantage la recherche historique aux États-Unis… en rappelant aux étudiants intéressés les temps difficiles que nous avons connus (snif! snif!) lorsque le dollar canadien transigeait à soixante-cinq cents chez nos voisins du sud.

vendredi 25 mai 2007

E-folio

Comme historien, je mène des recherches approfondies sur des sujets qui me passionnent. Comme professeur d’université, je choisis des thématiques qui ont l’ambition de stimuler les étudiants. La réalité révèle toutefois que l’historien dans une salle de classe ne réussit pas toujours à garder l’équilibre entre les exigences de la formation générale et fondamentale de sa discipline, et celles qui jalonnent le parcours des étudiants inscrits dans les programmes de formation en éducation, intéressés davantage par la pédagogie et les moyens de réussir leur carrière dans les écoles secondaires que par la culture savante que l’historien croit parfois transmettre.

Je reprends le fil du blogue aujourd’hui après avoir terminé la lecture d’un texte important – mais combien ennuyant! – sur des changements proposés à des programmes de formation en enseignement. Ces lectures – trop nombreuses au goût de celui qui pensait être immunisé par ce mal nécessaire – me forcent depuis un an à revoir mes objectifs de formation dans les cours de premier cycle, plus particulièrement dans les cours d’introduction méthodologique ou liés à un espace-temps précis; et à me poser la question: que viennent chercher les étudiants dans mes cours ? Un ensemble de connaissances sur le passé états-unien, bien entendu; des compétences sur les moyens de le comprendre mieux, aussi. Mais comment intégrer les deux dans une formation dont les assises facilitent l’accumulation des résultats d’apprentissage ? Comment éviter la déconnexion totale après le cours ?

Je pense que la solution passe par la création d’un espace où l’étudiant peut lui-même faire le point sur les compétences développées et la congruence des apprentissages. Je sais que vous avez à l’instant pensé au blogue; mais il faut, il me semble, aller plus loin, notamment dans la direction de ceux et celles qui travaillent en milieu scolaire à l’élaboration de portfolios électroniques (e-folio, pour le reste du blogue).

Le e-folio est la clé, me disait il y a quelques mois mon guru d’antan (Yves Otis, de la SOFAD), de la révolution que les départements d’histoire pourraient réaliser s’ils se donnaient la peine d’y réfléchir. On est malheureusement encore très loin du but. Comme je ne suis pas contraint d’attendre tranquillement cette révolution, j’accepte de bousculer mes vieilles habitudes et de mettre au rancart celles qui servent mal mes intérêts professionnels et personnels pour l’histoire (des États-Unis) et l’enseignement.

Je vous promets que toute cette réflexion préliminaire tire à sa fin.

lundi 23 avril 2007

Blogs, Wikis et Podcasts

Je place beaucoup d'emphase sur les processus historiques dans mon enseignement et mes recherches, notamment parce que les perspectives « révolutionnaires » brouillent la lenteur des changements sociaux et exagèrent l'importance des événements. Cette vieille leçon braudelienne me colle à la peau et au cerveau depuis près de vingt-cinq ans. Mais pas toujours!

C'est en lisant Blogs, Wikis, Podcasts, and Other Powerful Web Tools for Classrooms de Will Richardson (Corwin Press, 2006) que la deuxième révolution de ma vie professionnelle est survenue en fin de semaine dernière. La première - je le précise pour éviter que votre esprit digresse - survint durant le Carnaval de Québec en 1987 lorsque ma conjointe gagna sa bataille contre le technophobe cloîtré que j'étais en me faisant promettre d'acheter un ordinateur. Le petit ouvrage de Richardson - amené à la maison, vous l'aviez peut-être deviné, par ma conjointe - constitue en effet la démonstration la plus convaincante des bénéfices du croisement des technologies pour l'enseignement.

Sans Richardson, je n'ai pas de blogue; sans lui, mes compétences sont parallèles, jamais transversales. L'univers d'apprentissage que je construirai au cours des prochains mois sur la base de son « manifeste » sera radicalement différent de celui que j'ai bâti depuis 1996. À suivre...

samedi 21 avril 2007

C'est lancé!

En plein milieu des corrections de fin de semestre, je décide de lancer mon premier blogue. Comme preuve de mon indiscipline intellectuelle, on ne peut pas trouver mieux! L'objectif principal de ce blogue étant d'élargir l'expérience d'apprentissage des étudiants qui suivent les cours que j'offre sur l'histoire des États-Unis et de partager mes expériences pédagogiques avec des américanistes francophones, j'ai quand même le sentiment de ne pas perdre mon temps et, espérons-le, celui des autres.

Durant le printemps et l'été 2007, les messages seront diffusés de façon intermittente; une approche conservatrice qui me permettra d'intégrer le blogue aux activités de la rentrée universitaire de septembre.